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Mamie des Fleurs
Oh dis moi donc,
La saison des fleurs…
S’est-elle éteinte ce matin
Quand s’est tu ton cœur ?
Dans la maison
Un silence
S’étend et en suspend
Je te sens,
Je t’attends
Mais tu voles
...( à présent)
Il y a déjà deux ans
Que tu es morte
En renonçant
Aux vieux chemins des écoliers
Traversant ce village
Et nous nous ennuyons
Petite mère peu sage
De tes gâteaux taqués
Et tes yeux d'un autre âge
2006
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La croisée des chemins
Précipice sans fond
Ciel luisant sans espoir
Les étoiles se défont...
Et mes rêves en un soir
J’appréhende l’improbable
Je déplore mes efforts
J’ai bougé des montagnes
Mais ne suis à bon port
J’ai toujours à choisir
- c'est un peu comme mourir -
Tant de voies délaissées
Derrière moi ont filé
La vie est entre-deux
Leurres, espoirs, pas de deux
Les croisées de chemin
Se succèdent sans fin
J'oublie tout souvenir
De ces amours de braises
Ténébreuses à mourir
Qui ne furent qu’hypothèses
Dans le doute nous vivons
L’incertitude nous mène
Et notre assurance fond
Au soleil d’un choix blême
1999
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Le temps court
Le temps court l’âme en l’air,
Mais se veut coup de vent
Il nous garde et se perd
Dans sa fuite en avant
Il refait nos visages
Que l’on voit s’envoler
Bris d’éclats de mirages
Vers les cieux éclairés
Vois ces nuques qui s’inclinent
Pierres d’espoirs épluchés
Au-dessus de l’abîme
que jonchent nos vies pavées
Il te fait amoureux
Moi, silence - et nous deux,
Quand notre heure viendra
A l'aise, on s’aimera
Il nous veut vides et libres,
Poings unis, bras fondus,
Que nos âmes s’enivrent
De se croire moitié nues
Pourrons-nous un beau jour
Accoucher de l’aveu
de l’onirique amour
Qui fut bâti à deux ?
Refrain:
Je t’attends,
Je t’adore
Et mon for, en dedans
S’arme d’air et d’antan
Quand t’espère mon corps.
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Un miroir
Il me reste un miroir
Faute d’yeux pour pleurer
Où se gausse la victoire
De mes nuits dévastées
Il me reste un silence
Lourd, pénible et grinçant
Où se mire la souffrance
Que sans faim je ressens
Il me reste des larmes
Sirènes d’eaux trop salées
Qui ne doivent leur charme
Qu’à ma fragilité
J’ai même encore du temps
A panser sans compter
Mes pensées se tordant
Sous l’acide du passé
Pour toujours j’ai l’espoir
A toute heure répétant
D’être las au parloir
D’un avenir décadent
Et me reste mon corps
Pauvre hybride sans arme
Boue veinée du sang mort
De ma clepsydre à larmes
1996
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Roi de l'indifférence
Si j’aiguise mon regard
Sur la tranche lunaire
C’est pour mieux entamer
Et dissiquer tes chairs
Si j’assouplis ma langue
D’un silence vengeur
C’est pour mieux excéder
D’impatientes ardeurs
Si la fierté m’emplit
De soupirs assassins
C’est que je me réjouis
Que se tordent tes mains
Je peux tout contre toi
Ma froideur est ma force
Et je n’éprouve aucun
Remord sous mon écorce
Dire que toi tu espères
Que je sois enfin tendre
Mais enfant trop butée
Je ne puis même t’entendre
Tes pauvres sentiments
Ne les partageant pas
Je t’avoue franchement
Qu’ils me laissent bien froid
Faut-il donc te brusquer
Pour qu’enfin tu comprennes
Que le fait de m’aimer
N’apportera que peines ?
Parce que tu n’y peux rien
Parce qu’aimer c’est souffrance
Que l’amour n’est qu’un frein
Un douleur sans défense
Je me nomme, enchanté,
Roi de l’Indifférence
1995
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Sur la branche effeuillée - 1994
Sur la branche effeuillée,
D’un très vieux nid sans fond
Rescapé de couvées
De coureurs de jupons
Se tient l’oeuf ébréché
D’un futur infécond
Mon avenir est un pendu
Qui se trémousse au gré du vent
Qui se balance et prostitue
Un dos où coule son propre sang
Un noeud coulant s’est déroulé
En dénudant la nuque pliée
D'un avenir, tapi dans l’ombre
Qui ploie... mais jamais ne succombe
Je voue l’envie qui m’asservit
A la bannière et au cimetierre
Je reconnais toutes mes erreurs
Mais elles demeurent - je désespère
Refrain :
Si le vent souffle et le temps passe
Tous les espoirs sont malvenus
Un doute ému seul m’enlace
Que les jours n’ont qu’entretenu
Mon avenir désire une sonde
Qui l’aide à vivre en attendant
Dans ce silence tonitruand
Si on m’entend, qu’on lui réponde
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Le syndrome
Poème à deux voix
Il s'immisce en silence
En sillonnant ton sang,
Consommant tes défenses,
T'abattant lentement.
Il est là pour défaire
Ce que l'homme à défié
Et l'amener à faire
Ce qu'il fait par excès
C'est le refrain chéri
D'un virus inquiétant
Le refrain du syndrome
Humano-divisant
Il ampute ta vie
Il écourte ton temps
(le mal est plus profond
que ce que l'on en dit)
... Mortelle maladie
Décimant les amants
(Car bien plus que le corps
C'est le coeur qui périt)
Il prédit à nos corps
De mes tempes à ton sang
Le plus triste des sorts
Immuno-déficients
Mais quel est notre tort ?
- Qui enfreignit les lois !
Et fit qu'on héritât
D'un amour carnivore ?
L'amour ne se fait
L'amour est à donner
Morale morcelée
D'un dénommé Sida
1996
Notre Père qui m’est odieux
L’homme avait placé un grand carton déchiré à ses côtés, posé à même le sol,
sur lequel on pouvait lire :
«Notre Père qui m’est odieux
Si ton nom fait démodé
C’est que tu dédaignes
Que mes volontés soient fêtes
Et ma vie bien moins cruelle.
Donne-moi aujourd’hui
Mon emploi quotidien
Pardonne-toi mes silences
Comme je pardonne à ceux
Qui m’ont offensé (mais j’ai la liste)
Et ne me soumets plus
À des compressions
Mais fais qu’au loto je gagne.
Amène. »
"Extrait de la nouvelle "L'hiver est à nos pieds" 1999
Les compensations
Le désir, c'est la fin de tout.
On se consume vivant mais l'on n'a rien choisi…Voilà toujours comment cela commence.
Et l'autre dort. Sans soucis. Sans savoir. Hors d'atteinte.
On est seul, on brûle et l'on n'y est pour rien.
Les rôles s'inversent bien un jour ou l'autre, pourtant. Mais ça change quoi?
La souffrance silencieuse, trépidante de l'un, muée en cuisante brûlure de l'autre...?
L'amour est un acteur, nous en sommes les costumes. Et s'il n'a pas de sexe, il offre toujours deux rôles: les deux premières personnes d'un verbe lamentable.
"Je" suis la victime ou « je » suis le bourreau?
Et toujours cette question lanscinante : que faire contre l'indifférence de l'autre? Lui qui dort, lui qui m'ignore! On soupire. On serre les poings, les dents... Les ongles dans la paume, les incisives aux lèvres. Les larmes montent, celles de l'énervement, de l'estomac vrillé.
Et puis, quand la colère explose, c'est de la hargne pur, du venin périmé qui en sort, à défaut de l'apaisement tranquille d'un corps amoureusement repu
Rien ne se perd.
L'énergie on l'a. Elle augmente d'elle-même par l'incessante comptabilité des geste et dires de l'autre, ceux qu’il fait, ce qu’il ne pose pas. Des mutilations d'amour orphelin. Alors on s’accroche trop aux venimeux souvenirs pour souhaiter s'en séparer. On compte les points.
Car n’est-il pas fou de se départir d’armes vengeresses, en cas d’humiliation? À moi l’armure, à moi le bouclier; ose donc être un bourreau!
L'énergie, si elle ne prend pas soin d'un être et le caresse, elle hurle et va jusqu'à le tordre.
Rien ne se crée.
Ce n'est pas par hasard que la passion naît. Elle jaillit d'un piaffement incompris, d'une soif inassouvie qui sait déjà qu'elle ne cessera jamais d'être. La passion est probablement la seule chose sur terre à véritablement saisir sa propre éternité. Alors, à défaut de détruire l'autre, elle mettra tout en oeuvre pour se détruire elle-même: c'est l'histoire de la pomme tentatrice anéantie par celui-là même qui se sait condamné à mourir de faim.
Tout se transforme.
Alors c'est là. La solution. L'art de la mutation pour l'âme le corps et puis l'esprit...
La compensation
C'est un impact "mach 3" la première fois.
La compensation, la porte de l'ultime secours? Peut-être...
Eh oui. Je passe ma rage, mon amour, mes espoirs, désespoirs, sur la terre, sur le chien, sur la route, sur mon corps, sur l’enfer. Et je la dépasse : Je compense.
Mais non. Qui maintient qu'une faim tout court peut compenser une faim d'amour? Personne.
Qui l'applique? Tous.
La compensation, c'est la clef de voûte de l'humanité. C’est le secret des rois. Oui, meme de ceux qu’on envie. Surtout même de ceux-là.
La compensation, c'est le trône de nos limites, le chagrin de nos frontières physiques.
La compensation, c'est l’hypocrite prise d'otage d'une nature frustrée.
Alors, on compense tout et n'importe quoi : nos complexes, nos peurs, nos doutes, les paroles blessantes des autres, nos propres paroles blessantes envers les autres, de simples regards, nos échecs, nos rêves déçus, nos culpabilités, ou la simple réalité du monde tel qu'il est vraiment…
La particularité de cette technique typiquement humaine est une fuite vers un perpétuel retour à la case départ, avec une frustration d'autant plus grande que notre mode de compensation a fait honte.
Et la sublimation ? La solution? Ce dépassement transmuté de nos manques. Pensons-y bien: ce n'est pourtant qu'une autre forme de compensation. Politiquement correcte du moins.
Encore trouve-t-on le courage de se dire qu'on essaye de faire mieux... La sublimation c’est une sorte de pruderie factice se cachant la vérité de ses mains pleines de bagues et de trophées. Mais que cachent tous ces efforts, quels qu’ils soient?
Le remède est-ce la guérison ou la prévention?
La vérité, c'est qu'on a soif d’absolu. Et je crains que tous sur terre, on se souvienne du goût qu’elle a. Et qu’on le recherche désespérément. On l'a vu passer par ici. Non par là...
On cherche, et voilà que quelqu'un se tient debout dans le coin. Alors on croit comprendre. Et on la cherche en l’autre.
Mais c'est sûrement le pire lieu où chercher...
(à suivre...)
Nov. 1996
La baleine
Souvent je me compare
À la baleine échouée
Échouée au pied d’un phare
Au milieu de l’été
Les lames la menèrent
En des terres si vagues
Que les eaux s’y font terre
Et le sel y est sable
« Je suis géant des mers
Monstre parmi la foule
Si je ne manque d’air
C’est d’eau dont je me saoule
Je me demande encore
Ce qui put m’attirer
Sinon de ce vieux port
Le phare illuminé
En ces terres je gise
Presqu’à titre posthume
Enlisée, je m’épuise
Moi qui dans l’eau suis plume »
« Regarde la baleine
Oh comme elle est énorme! »
Disent des êtres sans gêne
Dont la vue est difforme
« Emprisonnée des eaux
Dépendante des airs
Je suis une baleine
Entre deux univers
Quelques mains silencieuses
Me frôlent, me caressent
Me poussent désireuses
Que la mort me délaisse
Mais pourquoi tant de peine ?
Quand tout le monde inhume
Et pousse de plus belle
Mes dix tonnes d’écume?
Je me meurs – oh ma mer
Ma douce mère salée
Je m’éteins dans la terre
Si dans l’eau je suis née
Dire que je fis naufrage
Moi, pauvre cétacé
Juste pour un mirage
De lune, ensoleillée »
2001
Expressions, pensées, rêves & idées en vrac pour de prochains textes souffre-douleurs:
- L'argent c'est de l'urine sonnante pour hommes en manque de territoire
- Le désir, c'est la faim de tout, mais le début de rien.C'est le pied de notre mur à tous. C'est une pomme luisante au parfum capiteux, si pleine de chairs et si exsangue, qu'un savoureux filet de son jus baigne nos pieds jusqu'à elle. Inconsciente de son attrait et de la souffrance infinie que son appel procure, la pomme s'indiffère du monde qui l'entoure et de l'émoi qu'elle suscite. Sans soucis, sans savoir, hors d'atteinte, c'est le fruit de l'indifférence assassine.
- Idée de scénario: Le Charmeur d’Anges
- "Si les lettres pouvaient atteindre leurs destinataires au cœur autant que leurs destinations, je rejoindrais sûrement le vôtre grâce aux phrases qui vont suivre"
"Je t’aime : voilà bien l’origine de ma haine."
- Rêve : La locomotive alpine et le galant aux gants blancs
- Rêve: La poutine de pouces aux frites onglées
- "Tu n'as pas remarqué ? Je me suis fait refaire les lignes de la mains"
- Cynique: "Dis donc, une déjection de porc s’est abattue sur toi ?"
- "J’achète rêves et cauchemars : je suis preneur d’incongruités."
- Idée: Créer les Très Riches heures de l’an 2000: Couleurs vives, personnages naifs dans monde cynique : Les Mystères Modernes
- Idée: Un parent attribut les mauvais mots de vocabulaire aux choses, durant l’apprentissage de son enfant: « Dormir » pour « manger » ; « Carottes » pour « Maison », etc. Ex. : « Les carottes sont cuites ! » pour « la maison est en feu! »
- Scéario : Une mère de famille en fourrure, poussant son convoi à roulettes de sept enfants traverse la rue, rentre chez elle, ouvre son manteau, se couche sur le flanc et laisse ses sept seins aux tétines gonflées de lait à la portée de sa non moins extraordinaire propre portée, telle la louve de Rome.
- Scéario : Le simple d’esprit. Ex: tout juste sorti de l’adolescence, le simple d'esprit ayant enfin obtenu son permis de conduire et relèguant sa vieille mobylette contre sa première voiture, fidèle à ses bonnes habitudes, enchaîne la roue avant de sa voiture à un
lampadaire quand il la gare.
- D'autrui:
- De mon prof. de peinture, Jocelyn Jean: « Un tableau en cite toujours un autre. »
- "Je ne mélange jamais le sexe et les sentiments."
- « Moi, je suis en train de pourrir, et toi, de fleurir. »
- "J'ai un peu vidé mon coeur sur ton répondeur.
Et vidé, j'en ai peur, tout le congélateur." June Lavoie - http://commencaldatabase.spaces.live.com/
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