Découvrez un projet d'art international et collaboratif
hors du commun à tavers un manifeste socio-artistique
ancré dans notre temps Discover an international and collaborative art project
throught a socio-cultural manifest grounded in our everyday
life
A. Origine et réflexion autour de la naissance d'une
forêt
B.
De l'importance des contextes et du sens de l'engagement
C. La Forêt de Samuelle, un rêve à habiter...
1/ La Forêt de Samuelle/ Samuelle's Forest Un rêve à habiter ...
Manifeste socio-artistique
A. Origine et réflexion autour de la naissance
d'une Forêt symbolique
universelle et transgénérationnelle
"L'art ne peut rester un à-côté plus longtemps, pour l’artiste et ses contemporains; une activité mise en cage et visitée de temps à autre au musée, comme on retourne parfois sur ses terres. À notre époque, la seule démarche artistique qui vaille, devrait se penser politique, écologique, éthique et bien sûr humaniste, c’est-à-dire s’impliquer dans diverses sphères d’une vie toujours plus complexe… Ou alors, face à cette complexité, elle devrait incarner l’échappatoire lumineuse permettant de transcender la morosité ambiante. Il est temps que l’art nous permettre de rejoindre nos semblables sur ce qu’est notre « commune humanité », tout en respectant et magnifiant nos milieux de vie – parce que le beau est partout!, mais surtout pour que l’art retrouve sa fonction unificatrice et sacrée reliant l'inspiration des hommes à une créativité porteuse de sens pour tous. »
Samuelle D.H. entrevue réalisée au Belgo, Montréal, Québec Canada, en mai 1999
La Forêt de Samuelle est un ambitieux projet de longue haleine
qui, lentement mais sûrement, ainsi que croissent les arbres,
s'étendra sur toute une vie humaine, pour pleinement incarner
la vision originale qui l'aura animée depuis que cette idée
m'a habitée. Ainsi. après des années de collaboration et de conception à
élever, puis réunir, chaque arbre qui la compose, une Foret inoubliable va voir le jour.
Il
s'agit de concevoir et faire naître peu à peu de nos
mains - les miennes comme celles d'artistes partageant cette vision et qui ont à coeur
de se joindre à ce projet qui se veut avant tout universel,
une forêt de sculptures d'arbres fabuleux de grandes tailles,
solides et fières silhouettes composées de matériaux nobles dans la plus pure tradition sculpturale, exposées au grand vent et aux
intempéries du dehors, et entièrement dédiées
au règne de l'arbre et de l'humain.
L'Arbre du Savoir, esquisse poussée. Dessin au plomb. Rodolphe Séraphine,
2005.
Certains de ces arbres, automates fonctionnant en partie de façon mécanique par deversoir ou pesée avec les éléments climatiques, tels la pluie, le soleil, la neige et la température par exemple (dépendamment des régions et pays où ils seront implantés), se veulent des indicateurs de la santé des hommes et de l'environnement. Par exemple, le projet de l'arbre carbonique se basera sur une réaction au taux de dioxyde de carbonne, faisant s'épanouir ou se recroqueviller la sculpture, telle une oeuvre d'art témoin de la qualité de l'air pour les citoyens d'une ville.
Intimement nourries de significations symboliques profondément
enracinées dans l'imaginaire collectif, ces sculptures rendront
hommage aux arbres, ces forces de la nature calmes et tranquilles,
tout à la fois si menacés par notre époque et
à qui l'on doit pourtant tout...
Pensons-y un instant : de notre savoir qui transite incessament de
leurs fibres à nos papier, à l'air que nous respirons
où ils jouent un rôle de premier à travers une
alchimie naturelle qui nous dépasse; en passant par l'eau qu'ils
filtrent et savent contenir sagement dans des sols renforcés
de leur racines profondes... les arbres sont les "oubliés
omniprésents" de notre histoire...
Pourtant, n'en sont-ils pas les plus grands témoins ?
Esquisse 3D de l'Arbre-Parapluie. De petits capteurs solaires seront situés sur les cotés rigides des parapluies.
Le feuilage-parapluie se fermera au soleil et s'ouvrira par temps couvert.
Rappelons-nous ceux qui auront témoigné de nos moeurs
et leurs époques; il y eut les arbres à pendus qui affichaient
clairement la couleur à l'entrée des villes françaises
du moyen-âge en matière de répression du vol...
Ce pénible spectacle faisait passer un message clair aux voyageurs
de passage, quant au sort réservé aux criminels, et
dont témoignent nombre de gravures...
Pensons aussi au célèbre chêne sous lequel le
roi Saint Louis tenait audience et miracles... sans compter les arbres
chéris de la Reine Marie-Antoinette à Versailles, dont
certains viennent de tomber après deux siècles de splendeur
en l'an 2000, suite aux ravages de la terrible tempête qui aura
couché tant de forêts centennaires en France... Cliquez sur cet arbre à fractales pour qu'il se reconstitue.
Si
souvent, voyageant à travers le monde, je me suis mise à
ressentir un malaise de plus en plus grand dans certaines villes qui
me semblaient dénuées de beauté et de vie, sans
que je parvienne à en trouver d'explication... Jusqu'au jour
où j'ai compris l'évidente correlation entre l'absence
d'arbres pour faire contrepoids à la tristesse d'un béton
omniprésent lui ayant succédé, et troquant racines
contre bitume...
Ce fut un constat choc, frappant tout d'abord par son évidence
alors que mes yeux ne savaient déjà plus comprendre
ce qui n'y était plus: partout ce béton, un environnement
dénaturé, hors de portée, exempt de cette vie
frémissante de feuilles et de bois qui nous rappellent encore
qu'il ya des saisons... Oublié aussi ce jeu d'échelle
qui m'amusait tant plus jeune, lorsque des arbres zébrant le
ciel de leur branches m'invitaient, par leur gigantisme, à
la modestie.
À leur place ? Panneaux routiers et publicitaires, antennes
et tours plus ou moins esthétiques, exacerbant surenchères
technologiques et constructions humaines démesurées...
L'Arbre-Lune. Dessin au plomb. Rodolphe Séraphine,
2006.
Toute
personne ayant lu l'admirable nouvelle de Jean Gionno, l'Homme qui
plantait des arbres (ou encore mieux, ayant visionné l'extraordinaire
film d'animation de mon ami Frédérique Back, récipiendaire
d'un oscar, illustrant cette histoire stupéfiante avec tant
d'âme), saurait pourtant dire quel miracle peut jaillir de nos
mains et transfigurer notre univers lorsque l'on fait l'effort de
faire naître un brin de vert au milieu de tant de gris...
Ainsi, comment ne pas saluer ces créations si naturellement
belles, qui nous rappellent partout où elles s'élèvent,
notre modeste condition d'hommes, cet état de simples bipèdes,
vertébrés mais pensants, éloignés, avec
le recul de nos forêts séculaires, de nos racines profondes
?
L'arboiseau. Maquette de sculpture en céramique. Samuelle, 1999.
Finalement,
quelques années plus tard, mêlée au besoin confus
et obstiné de dessiner arbres et racines anthropomorphes, naquit
bientôt en moi une idée-phare incontournable. Il était
grand temps, face aux déforestations scandaleuses et massives,
d'élever en hommage à la fragile lenteur de la Nature
et contre tout pessimisme face aux menaces écologiques qui
pèsent sur eux, des arbres-sculptures transfigurés et
éternels formant une forêt universelle nous liant aux
arbres...
En espérant que, jamais de mémoire d'homme, on ne connaisse
plus que ces seules sculptures pour témoigner de l'intime interdépendance
de l'humain et du végétal...
Croquis pour projet d'arbre-vitrail à vent. Samuelle, 2005
B. De l'importance des contextes et du sens de l'engagement...
À
une époque et dans des pays où les consciences s'éveillent
lentement mais surement, en près de 20 ans (soit toute ma jeunesse),
j'ai pu constater un immense effort de sensibilisation à l'importance
de l'environnement et à l'urgence de réfléchir
à notre avenir, avec force renfort d'études, articles
et documentaires, mais aussi grâce aux efforts soutenus d'organismes
non-gouvernementaux (puis peu à peu gouvernentaux) auprès
du public...
J'ai cependant vu bien moins d'actes concrets que de cris d'alarme
lancés pour mettre un terme aux abus qui menacent notre écosystème
et notre bon sens.
L'arbre @pommes. Aquarelle et 3D, Samuelle, 2003
Je souhaite aussi souligner l'immense implication de gens de coeur
et de courage qui ont appris à réveiller nos consciences,
tel, pour n'en citer qu'un, Richard Desjardins, ce poète et
chanteur québécois engagé, amoureux des vastes
terres abitibiennes qui a su dénoncer et s'élever au
Quebec contre les coupes à blancs et les abus d'une industrie
forestiaire insuffisamment surveillée par un gouvernement opportuniste
ou endormi depuis 2000.
(Consultez ici le site d'Action Boréale : http://www.actionboreale.qc.ca/foret/argumentaire.html
)
Pour
la petite histoire, qui saura peut-être nous rappeler quels
miracles notre courage peut parfois nous permettre d'accomplir, tout
d'abord dénigrés et hués par l'industrie, Richard
Desjardins et Action Boréale ont créé un raz
de marée politique et social auquel le Rapport Coulombes a
fini par donner raison, après deux ans d'enquêtes gouvernementales...
Ceci afin de voir ainsi naître de nouvelles législations
de régulation et de surveillance plus adéquates et responsables
vis-à-vis du patrimoine végétal collectif de
la Belle-Province...
Arbre-nu. Sculpture pour projections multimédia de 3,5 mètres en cours. Bois, plâtre
et résine.
Rodolphe Seraphine, 2006. Ile de la Réunion. Exposée
à l'École des Beaux-Arts (Le Port).
Pour
ma part, ce projet que je porte en moi depuis l'enfance et que je
souhaite contagieux, une forêt de sculptures manipulables et
fidèles à leurs muses végétales, se voudrait
ma contribution personnelle à une cause qui hante mes reves
depuis toujours.
Mon
souhait le plus cher est de pouvoir élever patiemment et sans
relache cette forêt afin de la laisser, comme je l'espère,
en héritage après moi, pour témoigner d'un immense
respect envers les arbres pour les générations a venir....
Certains y croient, je les en remercie, ils donnent vie et sens à
tout ceci; et j'invite les autres, artistes ou amoureux de l'art ou
du monde, à se joindre à ce projet dans lequel ils auront
une place de choix.
Les
meilleurs exemples ? Autour de nous!
Je citerai une anecdote: un proche m'a fait un jour cette remarque
étonnante, emprunte de simplicité et de bon sens, qui
pourrait pourtant changer nos cadres de vie. C'était face à
un énième scandale de coupe abusive d'arbres centenaires,
médiatisé pour une fois, sur un chantier de construction
publique où des contracteurs paresseux et peu scrupuleux avaient
préféré courir le risque de payer une amende,
ridicule de toute façon, plutôt que d'épargner
des arbres qui n'étaient pas nécessairement gênants
pour la durée des travaux. Sébastien m'a alors dit :
" Tu te rends compte comme ça pourrait être simple
et porteur de créer une loi qui changerait les mentalités,
et qui, plutôt que de s'en tenir à une amende ridicule,
nous obligerait pour tout arbre coupé, à en replanter
au moins deux autres, mettons d' au moins 6 pieds, à la place?"
Racines. Plume au sépia et aquarelle, Samuelle, 1998.
Cette idée a fait son chemin... J'ai commencé par planter
une vingtaine de jeunes arbres sur ma fermette à Mascouche,
que j'avais achetée totalement dénuée d'arbres
sur toute la première partie de mes 15 arpents - alors que
c'était une florissante pommeraie en 1970, pour les mêmes
raisons de manque de considération de la part de mes prédécesseurs.
J'ai aussi eu l'occasion de beaucoup réfléchir en cotoyant
un voisin qui avait en moins d'un an, sous mes yeux ébahis,
rasé et dessouché de ses mains plus de 15 arbres feuillus
centenaires et majesteux (sur 20, les derniers restant étant
essentiellement des conifères!) de sa propriété,
désormais nue et avec une vue imprenable... sur la mienne (!)
et la route, pour la seule satisfaction de "ne plus avoir à
ramasser de maudites feuilles à l'automne" (ce sont ses
termes exactes)...
Comment
dans ces conditions-mêmes, ne pas constater la lenteur de changement
des mentalités ? Va-ton se réveiller trop tard quand
c'est déjà ainsi, non pas en Amazonie ou dans les forêts
boréales éloignées, mais à nos portes,
à Montréal comme ailleurs?
Un arbre, la nuit. Huile, 50x65 cm. Samuelle 1993.
La vraie politique ne commence-t-elle pas là, par poser des
gestes concrets dans notre quotidien, nés d'une réflexion
citoyenne sur nos valeurs, le rôle à jouer dans notre
société et notre sens des responsabilités...
?
Face à tout cela, je me suis alors assise et me suis dit :
"Pourquoi juste remplacer par deux arbres chaque arbre abattu?
Et si c'était plutôt trois, ou même quatre ? Mais
encore dans ce cas, pourquoi pour ma part, ne pas exprimer ma réflexion
en élevant une forêt extraordinaire et qui me survive
- ainsi qu'aux moeurs changeantes et parfois dépourvues de
sens d'hommes qui abattent des merveilles pour les meilleures raisons
du monde? Comment protéger une forêt d'un sceau sacré
?
Et si seul l'art protégeait des haches et invitait à
la reflexion devant l'émerveillement?....
Alors, pourquoi ne pas faire naître de mes propres mains une
forêt complète ?"
L'Homme-racine, aquarelle. Samuelle, 1995
C.
La Forêt de Samuelle, un rêve à habiter...
Lignes directrices
Que s’incarne enfin sous vos yeux une forêt visionnaire
saluant ce qui pourrait constituer un jour une écologie repensée
par des arbres mutants, survivants surgissant au cœur d’une
époque végétale révolue, empreintes momifiées
- mais transcendée et rescapées de leurs aïeux.
Cette
forêt de sculptures à contempler, à jouer et à
habiter, vise à rendre hommage à l’Arbre, ce poumon
dont notre corps est à l’image... Car nous avons sans
contredit oublié cette étonnante mise en abyme de l’humain
et du végétal : leur intime entremêlement ne fonde-t-il
pas une métaphore des plus frappantes pour toute personne contemplant,
en médecine notamment, une planche anatomique du système
respiratoire?
Communic'arbre. Aquarelle. Samuelle 1999
Chaque arbre est inspiré d’une espèce existante
– entrevue comme mutante, et se base sur une observation de
l’imaginaire naturel dont fait preuve toute forme de vie avec
un détournement à l’extrême visant une adaptation
que pourrait entreprendre cette espèce… à la nôtre.
Cette
forêt est habitée de sculptures fabuleuses en terre,
verre, métal, bois et argile - nobles matériaux issus
du cœur terrestre et mis en synergie pour transcender les siècles,-
articulées selon les principes naturels et mécaniques
de la gravité comme de la vie biologique. Elle s’inspire
fidèlement du génie créatif à l’œuvre
dans la nature et poussée à l’extrême, jusqu’à
la mutation vers une intime corrélation humain-végétal
assurant possiblement la survie des arbres et saluant leur histoire…
Ces
œuvres s’élèvent en vue de rappeler –
en rêvant l’avenir - que le monde végétal
devra évoluer en apprenant à s’adapter face à
la désolation qui le touche, fruit d’humains en transe,
scientifiques sans foi jouant avec les forces de la vie, de l’air,
de l’eau, de la terre, des gênes et de l’avenir
commun du biotope terrestre lui-même.
Cette
forêt mutante et transfigurée devrait-elle être
un jour le seul témoignage d’un passé végétal
à nous survivre ? "
L'arbre-crucifix, Aquarelle, Samuelle 1992
Inventaire
des espèces arboricoles actuelles de la Forêt (liste
du "Forestiaire"):
1.
Un arbre vitrail – branches réunies par des vitraux de
couleurs et formant un dôme vitrifié
2. Un arbre-bestiaire/à gargouilles
3. Un arbre vertébré transparent – de verre -
avec des réseaux de bronchioles - éponges/fougères
– et des tuyaux transparents de couleur où s’écoule
la pluie, incarnant systèmes sanguins etc
4. L’arbre d’amour – amoureux bicéphales
– à l’ergonomie amoureuse pensée pour les
amants
5. L’arbre-femme, un arbre qui accouche - de quoi? noix? petit
arbre? – par remplissage suite aux pluies remplissant une cavité
qui fera pression avant d’expulser son fruit régulièrement
puis le remettant en place
6. Un arbre-église/autel
7. Un arbre à chevaux s’extirpant de lui
8. L’arbre-livre : surgissant d’un livre où il
s’enracine et aux mille feuilles-livres
9. L’arbre-pendule bougeant ses mobiles et ses carillons aux
vents
10. L’arbre mort
11. L’arbre- portrait ou auto-portrait (voire plusieurs)
12. L’arbre mutant – corps enfermé dedans comme
en cocon ou emmuré
13. L’arbre à bras
14. La statue du Grand Chêne de la place royale
15. L’arbre fontaine aux feuilles flow-formes le long duquel
s’écoulent des vagues d’eau sur un tronc lisse
en glissoire
16. L’arbre miroir
17. L’arbre où l’on se cache en son sein –
l’arbre-armure
18. L’arbre sépulture (papale)?
19. L’arbre nichoir pour tous les oiseaux
20. L’arbre-maison
21. Un cocotier grimpoir où l’on emboite le bas sur le
tronc dans des empreintes humaines lui faisant escalier tournant
22. l’arbre a singe
23. l’arbre de la liberté
24. l’arbre fossile
25. l’arbre de verre
26. L’arbre des pendus
27. Les érables transfusés
28. L’arbre-bucher; corps liés à son tronc en
feu
29. L’arbre des quatre saisons
30. L’arbre sculpture – le corps émerge du tronc
31. Les femmes-arbres – et le textile végétal
et boisé lycra qui épouse les corps nus
32. L’arbre instrument de musique
33. l’Homme-arbre (mise en valeur de l’arbre enfermé
en son corps)
34. L’arbre-guerrier qui s’auto-défend face à
l’homme – armure blindée, dents de scie et crocs
pointés à toute hauteur, impossible à brûler
35. L’arbre-engrenages,symbole de la Modernité
36. L'arbre Trois-mâts (dont les mâts repoussent et refleurissent)
37. L'arbre-parapluie
38. L'arbre-astrolabe (à galaxies inter-reliées)
39. L'arbre-carbonique - avec capteurs de dioxyde de carbone le faisant se recroqueviller ou non selon la qualité de l'air
40. l'arbre solaire - avec capteurs solaires
Tous droits réservés 2000-2010 @ Samuelle Ducrocq-Henry
Croquis d'un dome d'arbres-vitraux (première
esquisse donnant naissance au projet. Samuelle, 1989.
2/ Démarche picturale
L’esprit, derrière le folio
Émerveillée par les enluminures persanes et celles des Livres d’Heures depuis ma plus tendre enfance, les œuvres que je réalise témoignent de ma profonde fascination pour les couleurs riches et éclatantes, empreintes d’une naïveté poétique caractéristique de ce style d’œuvre. Comme je rêve d’échappées en couleurs, je crée mes pays chromatiques.
Ceci s'applique tant à ma production en arts médiatiques, dont les contenus visuels tentent toujours de transcender la grisaille neutre de notre quotidien, qu'en art pictural où la saturation explosive des couleurs prend toute son ampleur.
Ma production est figurative et s’appuie sur de solides bases académiques de dessin d’observation de modèles vivants acquises à Paris aux débuts de ma formation aux métiers d’art, bien que mes compositions soient le plus souvent réalisées d’imagination... Et Dieu sait de combien peu, l’inspiration sait se nourrir...
Mes œuvres comprennent des aquarelles et huiles de formats moyens, relativement classiques (40x50 cm) et par ailleurs de plus grandes huiles sur toile, aux formats et lectures parfois originales, avoisinant les 120x60 cm.
Ces formats offrent au public une grande lisibilité malgré un foisonnement de détails symboliques facilitant leur redécouverte presque à chaque fois. Ceci permet par ailleurs aux œuvres d’imprégner l’ambiance des pièces où elles seront exposées, en s’y imposant (à la différence des miniatures qui m’inspirent, dont la fragilité et la taille handicapent la visibilité et la notoriété aux yeux du public d’aujourd’hui).
La thématique que j’exploite est celle de la narration à travers des sujets que j’essaie d’incarner en peinture, tels les mythes et légendes, ainsi que les textes sacrés.
Mon intention de communication est de réconcilier notre temps avec les notions spirituelles, voire surnaturelles qui savent depuis toujours fasciner les hommes, et ont atteint leur apogée à l’ère des enluminures. En renouant avec le Fantastique et le Mystique tels qu’ils étaient représentés autrefois, notamment au Moyen-Âge, je cherche à prolonger les croyances et rêves propres au monde imaginaire que je me suis bâti durant mon enfance. Cette intentionnalité a pris toute sa mesure dans un important projet de recherche-création interuniversitaire, qui aura impliqué des dizaines d'intervenants (professeurs, chercheurs, techniciens, étudiants, tous co-créateurs d’un cédérom artistique et poétique, au traitement esthétique inspiré de mes huile et aquarelles), intitulé le "Bestiaire immersif" (samuelle.net/lebestiaire), récipiendaire d’un prix Moebius (2006).
On reconnaît mes œuvres aux traits, couleurs et symboles qu’on y retrouve, aisément reconnaissables; ils comprennent la figure humaine, toujours stylisée et un peu arrondie, les ornements multiples (architecturaux, vestimentaires, paysagers, de joaillerie, etc.), et les couleurs riches et saturées (notamment les bleus, les rouges et souvent l’or), qui se répètent parfois jusqu’à former des motifs rappelant les tapisseries du XIII et XIVèmes siècles.
L’huile est le plus souvent traitée de façon aquarelliste dans mon travail, les empâtements faisant place aux transparences, et les aplats aux nuances et dégradés de textures variées. Le travail de la feuille d’or s’observe dans plusieurs de mes œuvres, où il vient alors jouer le rôle de ligne de contour, tel un vitrail, permettant au tableau de jouer et se jouer des reflets de la lumière environnant la toile. La variation des tons de l’or suivant la luminosité ambiante fait vivre et respirer l’œuvre d’heure en heure : ainsi change-t-elle d’aspect, s’éclaircissant ou s’obscurcissant, jusqu’à sembler changer de ton, de sujet voire de personnalité, au fil du jour.
En représentant ces teintes et motifs, je vise une harmonie nous permettant de transmettre à nos yeux un sentiment de plénitude et de contentement, c’est-à-dire une sorte d’abondance picturale qui nous comble l’esprit de lumière et de couleurs, pour que le beau vibre en nous et que la toile soit un lieu de repos et d’évasion… Une tâche que je m’assigne dans les autres domaines artistiques où j’œuvre, tel l’art et les spectacles équestres où je crée ces mêmes environnements, mais habités par les chevaux et les artistes qui y évoluent vraiment. J’accorde une grande importance à l’esthétique car je souhaite que mes œuvres relèvent d’un ensemble harmonisant à l’effet pacificateur et résolument optimiste. Mon vœu le plus cher serait de parvenir à dévoiler, par le biais de l’art, les divers aspects revêtus par ce Merveilleux que l’on ne sait plus voir, et qui tisse pourtant notre quotidien de petits et grands instants précieux...
Espérant vous faire voyager entre couleurs et dépaysements songeurs;
Tous droits réservés 2000-2012 @ Samuelle Ducrocq-Henry