1/ La Forêt de Samuelle/ Samuelle's Forest 
Un rêve à habiter ...
Découvrez un projet d'art international et collaboratif hors du commun à tavers un manifeste socio-artistique ancré dans notre temps
Discover an international and collaborative art project throught a socio-cultural manifest grounded in our everyday life

A. Origine et réflexion autour de la naissance d'une forêt
B. De l'importance des contextes et du sens de l'engagement
C. La Forêt de Samuelle, un rêve à habiter...

Manifeste socio-artistique d'"Art-boricol" autour de la Foret de Samuelle

A. Origine et réflexion autour de la naissance d'une Forêt symbolique
universelle et transgénérationnelle

"L'art ne peut rester un à-côté plus longtemps. À notre époque, la démarche artistique qui aurait un sens devrait se penser politique, tant pour rejoindre enfin nos semblables, que pour que l'art lui-même retrouve sa fonction unificatrice et sacrée reliant l'inspiration des hommes à une creativité porteuse de sens pour tous.
L'artiste devrait savoir dévoiler, de ses créations, un idéal collectif visant l'amélioration et l'épanouissement du milieu auquel il appartient. En sommes-nous là?
Nous nous devons de nous réveiller vite, car le temps, comme cette planète, filent entre nos doigts, et ni l'art ni l'heure ne sont plus au concept, par et pour le concept, si celui-ci ne sait plus changer le monde".
- 15 Aout 2006

La Forêt de Samuelle est un ambitieux projet de longue haleine qui, lentement mais sûrement, ainsi que croissent les arbres, s'étendra sur toute une vie humaine, pour pleinement incarner la vision originale qui l'aura animée depuis que cette idée m'a habitée. Ainsi. après des années de collaboration et de conception à élever, puis réunir, chaque arbre qui la compose, une Foret inoubliable va voir le jour.

Il s'agit de concevoir et faire naître peu à peu de nos mains - les miennes comme celles d'artistes partageant cette vision et qui ont à coeur de se joindre à ce projet qui se veut avant tout universel, une forêt de sculptures d'arbres fabuleux de grandes tailles, solides et fières silhouettes composées de matériaux nobles dans la plus pure tradition sculpturale, exposées au grand vent et aux intempéries du dehors, et entièrement dédiées au règne de l'arbre et de l'humain.
L'Arbre du Savoir, esquisse poussée. Dessin au plomb. Rodolphe Séraphine, 2005.

Certains de ces arbres, automates fonctionnant en partie de façon mécanique par deversoir ou pesée avec les éléments climatiques, tels la pluie, le soleil, la neige et la température par exemple (dépendamment des régions et pays où ils seront implantés), se veulent des indicateurs de la santé des hommes et de l'environnement. Par exemple, le projet de l'arbre carbonique se basera sur une réaction au taux de dioxyde de carbonne, faisant s'épanouir ou se recroqueviller la sculpture, telle une oeuvre d'art témoin de la qualité de l'air pour les citoyens d'une ville.

Intimement nourries de significations symboliques profondément enracinées dans l'imaginaire collectif, ces sculptures rendront hommage aux arbres, ces forces de la nature calmes et tranquilles, tout à la fois si menacés par notre époque et à qui l'on doit pourtant tout...

Pensons-y un instant : de notre savoir qui transite incessament de leurs fibres à nos papier, à l'air que nous respirons où ils jouent un rôle de premier à travers une alchimie naturelle qui nous dépasse; en passant par l'eau qu'ils filtrent et savent contenir sagement dans des sols renforcés de leur racines profondes... les arbres sont les "oubliés omniprésents" de notre histoire...

Pourtant, n'en sont-ils pas les plus grands témoins ?

Esquisse 3D de l'Arbre-Parapluie. De petits capteurs solaires seront situés sur les cotés rigides des parapluies.
Le feuilage-parapluie se fermera au soleil et s'ouvrira par temps couvert.
Rappelons-nous ceux qui auront témoigné de nos moeurs et leurs époques; il y eut les arbres à pendus qui affichaient clairement la couleur à l'entrée des villes françaises du moyen-âge en matière de répression du vol... Ce pénible spectacle faisait passer un message clair aux voyageurs de passage, quant au sort réservé aux criminels, et dont témoignent nombre de gravures...
Pensons aussi au célèbre chêne sous lequel le roi Saint Louis tenait audience et miracles... sans compter les arbres chéris de la Reine Marie-Antoinette à Versailles, dont certains viennent de tomber après deux siècles de splendeur en l'an 2000, suite aux ravages de la terrible tempête qui aura couché tant de forêts centennaires en France...

Si souvent, voyageant à travers le monde, je me suis mise à ressentir un malaise de plus en plus grand dans certaines villes qui me semblaient dénuées de beauté et de vie, sans que je parvienne à en trouver d'explication... Jusqu'au jour où j'ai compris l'évidente correlation entre l'absence d'arbres pour faire contrepoids à la tristesse d'un béton omniprésent lui ayant succédé, et troquant racines contre bitume...

Ce fut un constat choc, frappant tout d'abord par son évidence alors que mes yeux ne savaient déjà plus comprendre ce qui n'y était plus: partout ce béton, un environnement dénaturé, hors de portée, exempt de cette vie frémissante de feuilles et de bois qui nous rappellent encore qu'il ya des saisons... Oublié aussi ce jeu d'échelle qui m'amusait tant plus jeune, lorsque des arbres zébrant le ciel de leur branches m'invitaient, par leur gigantisme, à la modestie.

À leur place ? Panneaux routiers et publicitaires, antennes et tours plus ou moins esthétiques, exacerbant surenchères technologiques et constructions humaines démesurées...

Toute personne ayant lu l'admirable nouvelle de Jean Gionno, l'Homme qui plantait des arbres (ou encore mieux, ayant visionné l'extraordinaire film d'animation de mon ami Frédérique Back, récipiendaire d'un oscar, illustrant cette histoire stupéfiante avec tant d'âme), saurait pourtant dire quel miracle peut jaillir de nos mains et transfigurer notre univers lorsque l'on fait l'effort de faire naître un brin de vert au milieu de tant de gris...

Ainsi, comment ne pas saluer ces créations si naturellement belles, qui nous rappellent partout où elles s'élèvent, notre modeste condition d'hommes, cet état de simples bipèdes, vertébrés mais pensants, éloignés, avec le recul de nos forêts séculaires, de nos racines profondes ?

Finalement, quelques années plus tard, mêlée au besoin confus et obstiné de dessiner arbres et racines anthropomorphes, naquit bientôt en moi une idée-phare incontournable. Il était grand temps, face aux déforestations scandaleuses et massives, d'élever en hommage à la fragile lenteur de la Nature et contre tout pessimisme face aux menaces écologiques qui pèsent sur eux, des arbres-sculptures transfigurés et éternels formant une forêt universelle nous liant aux arbres...

En espérant que, jamais de mémoire d'homme, on ne connaisse plus que ces seules sculptures pour témoigner de l'intime interdépendance de l'humain et du végétal...

B. De l'importance des contextes et du sens de l'engagement...

À une époque et dans des pays où les consciences s'éveillent lentement mais surement, en près de 20 ans (soit toute ma jeunesse), j'ai pu constater un immense effort de sensibilisation à l'importance de l'environnement et à l'urgence de réfléchir à notre avenir, avec force renfort d'études, articles et documentaires, mais aussi grâce aux efforts soutenus d'organismes non-gouvernementaux (puis peu à peu gouvernentaux) auprès du public...
J'ai cependant vu bien moins d'actes concrets que de cris d'alarme lancés pour mettre un terme aux abus qui menacent notre écosystème et notre bon sens.

Je souhaite aussi souligner l'immense implication de gens de coeur et de courage qui ont appris à réveiller nos consciences, tel, pour n'en citer qu'un, Richard Desjardins, ce poète et chanteur québécois engagé, amoureux des vastes terres abitibiennes qui a su dénoncer et s'élever au Quebec contre les coupes à blancs et les abus d'une industrie forestiaire insuffisamment surveillée par un gouvernement opportuniste ou endormi depuis 2000.
(Consultez ici le site d'Action Boréale :
http://www.actionboreale.qc.ca/foret/argumentaire.html )

Pour la petite histoire, qui saura peut-être nous rappeler quels miracles notre courage peut parfois nous permettre d'accomplir, tout d'abord dénigrés et hués par l'industrie, Richard Desjardins et Action Boréale ont créé un raz de marée politique et social auquel le Rapport Coulombes a fini par donner raison, après deux ans d'enquêtes gouvernementales... Ceci afin de voir ainsi naître de nouvelles législations de régulation et de surveillance plus adéquates et responsables vis-à-vis du patrimoine végétal collectif de la Belle-Province...

Pour ma part, ce projet que je porte en moi depuis l'enfance et que je souhaite contagieux, une forêt de sculptures manipulables et fidèles à leurs muses végétales, se voudrait ma contribution personnelle à une cause qui hante mes reves depuis toujours.

Mon souhait le plus cher est de pouvoir élever patiemment et sans relache cette forêt afin de la laisser, comme je l'espère, en héritage après moi, pour témoigner d'un immense respect envers les arbres pour les générations a venir.... Certains y croient, je les en remercie, ils donnent vie et sens à tout ceci; et j'invite les autres, artistes ou amoureux de l'art ou du monde, à se joindre à ce projet dans lequel ils auront une place de choix.

Les meilleurs exemples ? Autour de nous!

Je citerai une anecdote: un proche m'a fait un jour cette remarque étonnante, emprunte de simplicité et de bon sens, qui pourrait pourtant changer nos cadres de vie. C'était face à un énième scandale de coupe abusive d'arbres centenaires, médiatisé pour une fois, sur un chantier de construction publique où des contracteurs paresseux et peu scrupuleux avaient préféré courir le risque de payer une amende, ridicule de toute façon, plutôt que d'épargner des arbres qui n'étaient pas nécessairement gênants pour la durée des travaux. Sébastien m'a alors dit : " Tu te rends compte comme ça pourrait être simple et porteur de créer une loi qui changerait les mentalités, et qui, plutôt que de s'en tenir à une amende ridicule, nous obligerait pour tout arbre coupé, à en replanter au moins deux autres, mettons d' au moins 6 pieds, à la place?"

Cette idée a fait son chemin... J'ai commencé par planter une vingtaine de jeunes arbres sur ma fermette à Mascouche, que j'avais achetée totalement dénuée d'arbres sur toute la première partie de mes 15 arpents - alors que c'était une florissante pommeraie en 1970, pour les mêmes raisons de manque de considération de la part de mes prédécesseurs. J'ai aussi eu l'occasion de beaucoup réfléchir en cotoyant un voisin qui avait en moins d'un an, sous mes yeux ébahis, rasé et dessouché de ses mains plus de 15 arbres feuillus centenaires et majesteux (sur 20, les derniers restant étant essentiellement des conifères!) de sa propriété, désormais nue et avec une vue imprenable... sur la mienne (!) et la route, pour la seule satisfaction de "ne plus avoir à ramasser de maudites feuilles à l'automne" (ce sont ses termes exactes)...

Comment dans ces conditions-mêmes, ne pas constater la lenteur de changement des mentalités ? Va-ton se réveiller trop tard quand c'est déjà ainsi, non pas en Amazonie ou dans les forêts boréales éloignées, mais à nos portes, à Montréal comme ailleurs? La vraie politique ne commence-t-elle pas là, par poser des gestes concrets dans notre quotidien, nés d'une réflexion citoyenne sur nos valeurs, le rôle à jouer dans notre société et notre sens des responsabilités... ?

Face à tout cela, je me suis alors assise et me suis dit : "Pourquoi juste remplacer par deux arbres chaque arbre abattu? Et si c'était plutôt trois, ou même quatre ? Mais encore dans ce cas, pourquoi pour ma part, ne pas exprimer ma réflexion en élevant une forêt extraordinaire et qui me survive - ainsi qu'aux moeurs changeantes et parfois dépourvues de sens d'hommes qui abattent des merveilles pour les meilleures raisons du monde? Comment protéger une forêt d'un sceau sacré ?
Et si seul l'art protégeait des haches et invitait à la reflexion devant l'émerveillement?....

Alors, pourquoi ne pas faire naître de mes propres mains une forêt complète ?"

C. La Forêt de Samuelle, un rêve à habiter...
Lignes directrices

Que s’incarne enfin sous vos yeux une forêt visionnaire saluant ce qui pourrait constituer un jour une écologie repensée par des arbres mutants, survivants surgissant au cœur d’une époque végétale révolue, empreintes momifiées - mais transcendée et rescapées de leurs aïeux. Cette forêt de sculptures à contempler, à jouer et à habiter, vise à rendre hommage à l’Arbre, ce poumon dont notre corps est à l’image... Car nous avons sans contredit oublié cette étonnante mise en abyme de l’humain et du végétal : leur intime entremêlement ne fonde-t-il pas une métaphore des plus frappantes pour toute personne contemplant, en médecine notamment, une planche anatomique du système respiratoire?

Chaque arbre est inspiré d’une espèce existante – entrevue comme mutante, et se base sur une observation de l’imaginaire naturel dont fait preuve toute forme de vie avec un détournement à l’extrême visant une adaptation que pourrait entreprendre cette espèce… à la nôtre.
Cette forêt est habitée de sculptures fabuleuses en terre, verre, métal, bois et argile - nobles matériaux issus du cœur terrestre et mis en synergie pour transcender les siècles,- articulées selon les principes naturels et mécaniques de la gravité comme de la vie biologique. Elle s’inspire fidèlement du génie créatif à l’œuvre dans la nature et poussée à l’extrême, jusqu’à la mutation vers une intime corrélation humain-végétal assurant possiblement la survie des arbres et saluant leur histoire…

Ces œuvres s’élèvent en vue de rappeler – en rêvant l’avenir - que le monde végétal devra évoluer en apprenant à s’adapter face à la désolation qui le touche, fruit d’humains en transe, scientifiques sans foi jouant avec les forces de la vie, de l’air, de l’eau, de la terre, des gênes et de l’avenir commun du biotope terrestre lui-même.Cette forêt mutante et transfigurée devrait-elle être un jour le seul témoignage d’un passé végétal à nous survivre ? "

Inventaire des espèces arboricoles actuelles de la Forêt (liste du "Forestiaire"):

1. Un arbre vitrail – branches réunies par des vitraux de couleurs et formant un dôme vitrifié
2. Un arbre-bestiaire/à gargouilles
3. Un arbre vertébré transparent – de verre - avec des réseaux de bronchioles - éponges/fougères – et des tuyaux transparents de couleur où s’écoule la pluie, incarnant systèmes sanguins etc
4. L’arbre d’amour – amoureux bicéphales – à l’ergonomie amoureuse pensée pour les amants
5. L’arbre-femme, un arbre qui accouche - de quoi? noix? petit arbre? – par remplissage suite aux pluies remplissant une cavité qui fera pression avant d’expulser son fruit régulièrement puis le remettant en place
6. Un arbre-église/autel
7. Un arbre à chevaux s’extirpant de lui
8. L’arbre-livre : surgissant d’un livre où il s’enracine et aux mille feuilles-livres
9. L’arbre-pendule bougeant ses mobiles et ses carillons aux vents
10. L’arbre mort
11. L’arbre- portrait ou auto-portrait (voire plusieurs)
12. L’arbre mutant – corps enfermé dedans comme en cocon ou emmuré
13. L’arbre à bras
14. La statue du Grand Chêne de la place royale
15. L’arbre fontaine aux feuilles flow-formes le long duquel s’écoulent des vagues d’eau sur un tronc lisse en glissoire
16. L’arbre miroir
17. L’arbre où l’on se cache en son sein – l’arbre-armure
18. L’arbre sépulture (papale)?
19. L’arbre nichoir pour tous les oiseaux
20. L’arbre-maison
21. Un cocotier grimpoir où l’on emboite le bas sur le tronc dans des empreintes humaines lui faisant escalier tournant
22. l’arbre a singe
23. l’arbre de la liberté
24. l’arbre fossile
25. l’arbre de verre
26. L’arbre des pendus
27. Les érables transfusés
28. L’arbre-bucher; corps liés à son tronc en feu
29. L’arbre des quatre saisons
30. L’arbre sculpture – le corps émerge du tronc
31. Les femmes-arbres – et le textile végétal et boisé lycra qui épouse les corps nus
32. L’arbre instrument de musique
33. l’Homme-arbre (mise en valeur de l’arbre enfermé en son corps)
34. L’arbre-guerrier qui s’auto-défend face à l’homme – armure blindée, dents de scie et crocs pointés à toute hauteur, impossible à brûler
35. L’arbre-engrenages,symbole de la Modernité
36. L'arbre Trois-mâts (dont les mâts repoussent et refleurissent)
37. L'arbre-parapluie
38. L'arbre-astrolabe (à galaxies inter-reliées)
39. L'arbre-carbonique - avec capteurs de dioxyde de carbone le faisant se recroqueviller ou non selon la qualité de l'air
40. l'arbre solaire - avec capteurs solaires

Croquis d'un dome d'arbres-vitraux (première esquisse donnant naissance au projet. Samuelle, 1989.

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